interview
d'Yves
Roland - fasciné par la personnalité de ce grand
Polonais
NOTICE BIOGRAPHIQUE DE MR YVES ROLAND
Monsieur
Yves Roland est un ancien banquier international. Il a eu, dès
1965, de fréquents
contacts avec la Bank Handlowy. C’est un grand ami de la Pologne dont il
connaît particulièrement l’histoire. Pendant la guerre, il fut arrêté
par les Allemands en 1942 pour des faits de résistance.
Il fut à l’époque,
le plus jeune auxiliaire des services de renseignement et
d’action en Belgique. Agé de
82 ans, ses hobbies préférés
sont l’histoire et la polémologie.
INTERVIEW : ( -->
version polonaise )
-
Yves
Roland :
En réalité, j’ai voulu faire un rapprochement entre ces deux hommes
qui, lors de la défaite de la France par les troupes allemandes en
juin 1940, ont refusé de se rendre et sont partis presque en même
temps à Londres, pour continuer le combat.
-
MR : A la fin de votre article où vous ne dissimulez pas votre
admiration pour Sikorski, vous allez jusqu'à proposer de lui ériger
une statue à Bruxelles. Ne voyez vous pas que, si tard après les
événements, cela ne sera pas très bien compris ?
-
IR :
C’est possible mais je ne le crois pas. Un vieux dicton populaire
dit qu’il n’est jamais trop tard pour bien faire. En réalité, au
delà de la personnalité fascinante de Sikorski, certes trop peu
connu en dehors de son pays, je crois que l’Europe n’a pas été juste
avec la Pologne, à laquelle elle doit beaucoup. Ce n’est pas qu’une
affaire belgo-polonaise. C’est beaucoup plus, une marque de
reconnaissance de l’Europe vis-à-vis de l’immense contribution
polonaise, non seulement à notre libération du nazisme mais aussi,
et cela est beaucoup plus récent, à la libération d’une grande
partie de l’Europe Centrale et Orientale du joug terrible du
communisme stalinien.
-
MR : Que voulez vous dire ?
-
IR :
Pour bien comprendre ceci un peu de pédagogie s’impose à une époque
où, à force de "zapper" sur les événements, comme on le fait
constamment devant son poste de télévision, on finit par oublier
l’essentiel. Voyez plus tôt.
Il
y a eu d’abord l’immense contribution polonaise à notre libération
du nazisme. Quand on regarde cela en termes de batailles gagnées ou
encore en pertes humaines, nul doute qu’en Occident, la Pologne se
classe au 3ème rang des libérateurs de l’Europe après les Américains
et les Anglais.
S’agissant de batailles gagnées, je me bornerai à en citer trois.
D’abord la fameuse "bataille d’Angleterre" où les aviateurs polonais
fut considérables aux cotés de la Royale Air Force. Plus tard, il y
aura, en mai 1944, la célèbre victoire de Monte Cassino qui permit
aux Américains de libérer Rome le 6 juin 1944. Enfin, je
mentionnerai la dure et longue bataille de Falaise en Normandie, en
juillet 1944, suivi de la libération de la Flandre. De l’importance,
des pertes humaines qui ont accompagné cette libération, témoignent
les nombreuses tombes polonaises au cimetière de Lommel, dans le
Limbourg.
Ceci dit la défaite du nazisme hitlérien, si importante soit-elle,
n’était qu’une partie du travail à accomplir. Il s’agissait aussi de
libérer toute une partie de l’Europe de la cruelle occupation
soviétique. Et là, la contribution polonaise a été, de très loin, la
plus importante.
Cela commença dans les années septante, par la courageuse résistance
des syndicalistes polonais, appuyés par de brillants intellectuels,
journalistes, artistes, universitaires qui furent eux-mêmes relayés
dès 1980 par un certain Karol Wojtyła devenu bientôt Jean Paul ll.
Il est incontestable, au regard de l’Histoire, que ce soulèvement
polonais, effectué pratiquement sans effusion de sang, a permis,
avec la chute du Mur de Berlin, la réunification allemande, la
libération des Balkans et enfin celle de pays baltes soumis aux
pires tortures staliniennes.
Ayant cela en mémoire, ma proposition consiste, à l’occasion du
70ème anniversaire du mort du général Sikorski en juillet 2013,
d’honorer la Pologne et de la placer symboliquement au cœur de
l’Europe et aussi de l’OTAN.
-
MR : Avez-vous déjà eu l’occasion d’en parler
avec des autorités polonaises, mais aussi belges et européennes ?
-
IR :
Ma proposition est toute récente et je suis bien conscient qu’elle
ne sera pas facile à réaliser. Ceci dit, j’ai déjà eu l’honneur
d’être reçu par l’ambassadeur de Pologne, Mr Sławomir Czarlewski qui
m’a réservé un accueil cordial et positif. C’est un diplomate
dynamique et de grande classe qui depuis son arrivée en Belgique a
parfaitement réussi à se familiariser avec la complexité de notre
système institutionnel.
-
MR : Redoutez vous des obstacles, voire des oppositions ?
-
IR :
Bien sûr,
ces obstacles sont d’ordres divers. Il y a l’inertie ou encore le
scepticisme. Mais il peut y avoir d’autres oppositions. Je vous
avoue que j’ai appris à me méfier du Parlement Européen qui, en
juillet 2004, lors de l’élargissement pays de l’Est, n’a pas hésité
à faire échouer la désignation à la présidence de mon ami, le
regretté obtacle Bronisław Geremek, ancien ministre polonais des
affaires étrangers polonais, homme exceptionnel de classe et de
culture.
-
MR : Mais on vient de nommer à la présidence un
ancien premier ministre polonais, proche aussi de Solidarność, Mr
Jerzy Buzek
-
IR :
Mieux vaut tard que jamais. Je sais qu’il s’agit aussi d’un homme de
qualité. Il n’empêche que ce qui s’est passé en juillet 2004 restera
non seulement une ocassion manquée mais aussi une faute.
-
MR : Pourriez vous préciser l’endroit ou vous
souhaiteriez que s’érige la statue du general Sikorski ?
-
IR :
Ça pourrait être au début de l’Avenue de Tervuren, près de la
station Merode là où se trouve un petit rond-point, près de
l’Ambassade de Pologne. Evidemment la statue devrait être tournée
vers le Cinquantenaire et le Quartier de l’Europe. L’endroit étant
situé sur le territoire d’Etterbeek, l’autorisation de la commune et
de son bourgmestre, Mr Vincent Dewolf sera nécessaire. Je n’ai
aucune inquiétude à ce sujet.
-
MR : Je vous souhaite bonne chance et je vous
remercie de me confier la primeur de ce sympathique projet.
Magdalena Rapacz |